Cats la Mascarade, un jeu qui a du chien


Retrouvailles au coin du feu

Soirée-enquête prête à jouer


C’est un peu par hasard que j’ai fait la connaissance de Vincent MATHIEU. Vincent était auteur invité aux jeux de Roger 2017 sur Rouen. Arrivé dès le vendredi soir, seul au monde, matou abandonné, c’est bien naturellement que nous l’avons recueillie autour de notre table de jeu. Il n’en fallait pas plus pour que je lui propose cette chronique.

Nous n’avons pas été présentés, il me semble ?

Alors, je me nomme Vincent MATHIEU dans la Vraie Vie ™, mais j’écume les forums et les conventions rôlistes depuis plusieurs dizaines d’années sous le pseudonyme de « Tlön Uqbar » (en hommage à nouvelle fantastique de Borges intitulée « Tlön Uqbar Orbis Tertius » pour ceux que ça intéresse). Je suis rentré dans mon demi-siècle en septembre 2016, ce qui me classe dorénavant dans la catégorie des ludosaures. J’ai connu pas mal de jeux de rôle depuis que je me suis adonné à ce vice ludique depuis Pâques 1984, et à priori je suis connu dans le milieu pour avoir publié un jeu de rôle où l’on interprète des chats qui sont les véritables maîtres du monde. Le fait d’avoir eu du succès avec ce (petit) jeu de rôle m’étonne toujours, mais cela flatte quand même mon ego. Je suis marié, père de deux (grands) enfants qui ont dépassé la vingtaine et propriétaire d’une chatte qui a atteint l’âge vénérable de 17 années terrestres. Je suis informaticien et je vis dans la cambrousse entre Metz et Thionville depuis 2002. Voilà, je pense que les présentations sont faites.

Et tu as créé Cats la Mascarade. Quel est l’univers du jeu ?

L’univers de jeu est très simple : C’est le monde réel de tous les jours, à une différence près. Car l’être humain n’est pas la seule espèce intelligente sur Terre. Et en plus, ce n’est même pas la première ! Car avant l’homme est apparu… Le chat ! Les félins ont une capacité inconnue des hommes. Ils peuvent communiquer par télépathie. La télépathie est un langage universel. Un chat de Vladivostok comprendra sans souci un chat de Chicago ou un chat de Tokyo (Alors que chez les simiesques, ça baragouine des sons étranges qui changent en fonction du lieu où l’on se trouve). De plus, communiquer par télépathie évite les contre-sens ou les incompréhensions, parce-qu’on peut envoyer une image à ses interlocuteurs pour illustrer son propos. Les chats ont donc rapidement évolué et bâtit une civilisation purement mentale. Et comme toute espèce évoluée, elle a commencé à se poser des questions sur le sens de la vie. Un philosophe félin en est arrivé à se dire qu’il faudrait laisser les tâches ingrates à un serviteur dédié à cela pour se concentrer sur les choses essentielles de la vie, à savoir manger, dormir, chasser et s’amuser. Un scientifique félin a alors dit qu’il avait repéré une espèce de singe assez prometteur pour faire fonction de serviteur, une fois son génome corrigé… Et voilà donc l’affreux secret du jeu : L’Homme n’est rien d’autre que l’esclave génétique du chat…

Et pour le système de jeu ?

« Cats ! » était au départ prévu pour des rôlistes trentenaires faisant partie de mes amis, mariés et/ou jeunes parents. C’est à dire des rôlistes qui n’avaient pas beaucoup de temps pour eux. Il me fallait donc un système de jeu simple et rapide à prendre en main. En résumé, c’est du « Roll & Keep ». Le joueur lance autant de d10 que sa caractéristique de Chance, et n’en garde qu’un seul. Il ajoute ensuite un score de compétence (ou deux fois sa valeur de caractéristique si aucune compétence ne fait l’affaire), et doit atteindre un score échelonné de 1 à 20 selon de degré de difficulté de l’action entreprise. Rien de bien compliqué, en somme. Le personnage est défini par 4 caractéristiques physiques et 4 caractéristiques mentales, toutes échelonnées de 1 (valeur de chaton) à 5 (la plus forte valeur possible). A partir de là, on déduit les valeurs des compétences qui font appel à une ou deux caractéristiques, ainsi qu’un rang échelonné de 0 à 5 qui représente la maîtrise de la compétence par le personnage.

Il y a aussi les talents, qui représentent les capacités psychiques exceptionnelles du chat, les niveaux de blessures qu’il peut encaisser et les « Neuf vies » qui sont un joker permettant au joueur d’annuler et recommencer une action.

Pourquoi un jeu avec des chats ? Qu’ont-ils de si particulier ? Dominent-ils réellement le monde ?

D’abord, pourquoi un jeu avec les chats ? Parce qu’à l’époque (2010), il n’y en avait quasiment pas. Et comme je rêvais de pourvoir en interpréter, je me suis dit qu’on est jamais mieux servi que par soi-même. Ensuite, qu’ont-ils de particulier ? J’ai été fasciné par les chats étant enfant, parce là où un chien faisait tout de suite ami-ami avec vous, il fallait déployer des trésors d’ingéniosité pour attirer l’attention et se faire accepter par cet animal étrange au regard si mystérieux. Et s’ils dominent le monde ? Et bien, sachant que le chat citadin ne sert absolument à rien mais qu’il n’y en a eu jamais autant dans les foyers humains, je pense que oui.

Je suis allergique aux chats, je peux quand même jouer à Cats ?

Sans soucis, car dans le jeu, on se moque aussi bien des comportements aberrants des hommes que de la suffisance des chats.

Tu as bossé seul sur Cat’s ou bien tu as fait appel à d’autres talents ?

Mis à part les illustrations, « Cats ! » est entièrement ma création. Mais comme dit précédemment, ce fût un jeu de rôle pour un cercle restreints d’amis. Ce n’est que parce qu’ils m’ont poussé à présenter ce jeu à feu la convention parisienne C.J.D.R.A. (Convention des Jeux De Rôle Amateurs) et qu’un éditeur m’a contacté ensuite que le jeu est sorti sous format papier dans les boutiques.

Qui s’est chargé des illustrations ?

C’est Gilles Étienne qui m’avait contacté pour illustrer le jeu alors que ce dernier était encore amateur. L’univers de jeu lui avait tapé dans l’œil, et les illustrations qu’il m’envoyait collaient parfaitement pour un petit jeu de rôle à l’humour décalé. De plus, Gilles a la capacité de « rentrer » dans ma tête. Habituellement, je lui décris en texte comment je visualise le dessin, et il me renvoie l’illustration qui colle quasiment toujours à ce que j’imaginais.

Où en est le jeu, en termes de suppléments et d’éditions ?

« Cats ! » a été publié en novembre 2010 sous forme d’un livre de jeu unique de 220 pages au format royal. Ce livre contenait tout ce qu’il fallait pour jouer, ainsi qu’un scénario d’initiation intitulé « Il faut sauver la chaton Ryan ». Un livret d’extension de 90 pages au même format ainsi qu’un écran de jeu et un set de dés ont été publiés fin 2013 suite à une campagne de financement participatif via Ulule. Actuellement, c’est un peu compliqué. L’ancien éditeur Icare a fermé boutique l’année dernière, pour des raisons personnelles et justifiées. J’ai été contacté par plusieurs autres éditeurs, et j’ai finalement choisi le successeur pour lancer une seconde édition du jeu. Pour l’instant, aucune annonce n’a été faite parce que le calendrier n’est pas encore arrêté. Mais je suppose que le jeu de rôle à poils et à moustaches refera parler de lui l’année prochaine en 2018.

Et on peut le trouver où ?

Pour l’instant, nulle part, à moins de fouiller les caisses de jeu de rôle de seconde main dans votre boutique de jeu favorite ou fréquenter les forums ou les pages de discussions Facebook en rapport. Les éditions Icare ont soldé leurs stocks lorsqu’elles ont mis la clé sous la porte. Tout a été revendu à Philibert, qui a quasiment épuisé ses réserves. A l’heure actuelle, je pense qu’il ne reste plus que des écrans de jeu et des extensions. Mais j’ai commencé à (re)travailler sur le jeu en début d’année pour être prêt le plus tôt possible lorsque le nouvel éditeur donnera son feu vert.

Un secret du jeu à partager ? Une info exclusive ?

Disons que dans cette seconde édition, je suis en train de plancher sur un set de cartes que pourront utiliser les joueurs en cours de jeu et qui permettra de matérialiser les échanges de faveurs que peuvent faire leurs personnages félins entre-eux ou avec des PNJs.

Si tu étais un chat, comment serais-tu ?

Un vieux sale chat de gouttière acariâtre qui se métamorphoserait en matou moelleux pour quémander une caresse ou des grattouilles sous le menton.

Je tiens à préciser que Mathieu a été très propre durant notre rencontre et qu’il n’a pas laissé de poils sur les tapis. Merci Mathieu et à bientôt.

Vous pouvez retrouver Cats La Mascarade sur le site du jeu.

  

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