Rencontre avec Rémi Desmazières : auteur du jeu Occupation

Rôliste, créateur de jeu, illustrateur, vidéaste et réalisateur, Rémi a plusieurs cordes à son arc.

Son premier jeu ; Occupation, a déjà reçu un prix.

Échanges avec Rémi sur ses aventures.

Rémi, qui es-tu et quel est ton parcours?

Rémi, la trentaine fraîche, Lillois et tout juste auteur du jeu de société Occupation que j’autoédite .

J’ai débuté mon parcours artistique avec la bande dessinée : au collège puis au lycée, je publiais régulièrement sur Manolosanctis (une chouette plate forme qui a fermé il y a quelques années).

Au même moment, j’ai monté un groupe de punk rock/rock alternatif : on a arrêté aujourd’hui et tant mieux pour vos oreilles , mais j’ai adoré l’expérience et j’y ai beaucoup appris .

À la fac, je me suis tourné vers les web-séries, puis vers des courts-métrages plus expérimentaux, visibles sur ma chaîne YouTube “Personne”. J’ai aussi rejoint le collectif d’artistes Fragment(s) (peinture, photo, installations, etc.) pour quelques expos dans les Hauts de France .

En école de cinéma à Rennes, j’ai fait des courts-métrages un peu plus pro, comme “Mange ta soupe” – mon dernier film à ce jour, qui partage d’ailleurs une thématique avec Occupation.

L’ambiance de l’école ne m’a pas emballé (et elle m’a endetté pour des années, haha). J’ai fini mes études avec un stage dans une web TV à Paris, puis, face à à la difficulté de trouver un premier emploi stable dans la vidéo, j’ai démarré comme vidéaste freelance.

Il faut croire que c’était le destin.

Une expérience rôlistique ?

Après moultes projets plus ou moins intéressants, fin 2019, j’ai regagné le Nord, fuyant la vie parisienne.

C’est là que j’ai découvert le jeu de rôle, grâce à un ami qui improvisait des scénarios de dark-fantasy brillants.

Au moment du Covid, j’avais un petit appart à Lille, c’était le pire appart que je n’ai jamais eu, et durant le confinement j’ai donc été parasiter la maison de mes parents et leur jardin.

Mes frères ont eu la même idée (je viens d’une famille nombreuse), et c’est là que je leur ai fait jouer au jeu de rôle, j’avais enfin des joueurs ! .

J’ai initié mes frères aux Chroniques Oubliées Fantasy, puis au JdR Witcher (univers génial, mais système trop lourd selon moi), surtout pour une licence mainstream comme ça.

J’ai même commencé à écrire Breizh Anno Domini 1356, un JdR historique sur la guerre de Succession de Bretagne. J’avais écrit la création de personnage, de la doc historique et les règles, mais je ne suis pas allé au bout de l’écriture de la campagne, justement parce que je me suis lancé sur Occupation.

 

Alors Occupation, c’est quoi ?

Vers 2021, je découvre le jeu de société moderne et j’ai un coup de foudre : et comme toujours quand j’aime quelque chose : je veux créer le mien, avec un thème fort, immersif et propice au roleplay.

Mon ambition ? Un jeu de rôle sans MJ, avec des règles claires mais permissives pour laisser une vraie liberté aux joueurs et des décisions riches en émotions. 

C’est là que j’ai eu des difficultés à trouver le bon équilibre entre lourdeur des règles et liberté du joueur.

Surtout qu’étant donné que le thème du jeu, il était important que le joueur soit libre pour que ses décisions aient plus d’impact émotionnel au cours de la partie.

Après de nombreux ajustements, j’inscris mon prototype au concours Ludinord 2023 : l’engouement est immédiat, ça hurle, ça rigole, et Occupation remporte le 1er prix stratégie, (c’est un vote du public) .

Après ça, je me mets en quête d’un éditeur et j’ai rapidement quelques touches: le prix permettait de mettre mon CV en haut de la pile. 

Mais j’ai vite senti que le thème faisait un peu peur. Certains me proposaient carrément de changer de thème– autant dire que le jeu perdait tout son intérêt ! 

Je n’avais pas envie de me lancer là dedans (sans mauvais jeu de mots). 

Et surtout, je ne supportais pas cette sensation de quémander, de rester dans l’attente de réponses floues ; ça me rappelait trop mes recherches de stage ou de premier emploi en début de carrière.

C’est là que j’ai commencé à envisager l’autoédition. 

L’idée de tout faire moi même, de garder le contrôle et de sortir un jeu plus radical, plus libre… ça me parlait de plus en plus. 

Bon, évidemment, il y avait tout à apprendre : fabrication, impression, logistique, importation… 

Il a fallu un an de boulot en coulisses, quelques galères(que je vous épargne) et six mois d’attente pour la fabrication et le transport. 

J’ai réalisé cette petite production à la hauteur de mes moyens, avec passion et détermination.

Et aujourd’hui, voilà : Occupation existe. Pour de vrai .

 

Je crois que c’est le projet dont je suis le plus fier. Ce qui me plaît vraiment dans ce jeu, c’est la narration qu’il propose : chaque partie raconte une nouvelle histoire. J’espère qu’il vous plaira, que vous passerez de super moments à y jouer et que vous aurez envie de le faire découvrir autour de vous. 

D’après les premiers retours, j’ai l’impression que c’est le cas. 

Je ne pensais pas que les ventes décolleraient aussi vite : j’ai eu de la chance, ma vidéo de présenttion a cartonné sur TikTok et Insta ! 

Depuis la sortie, j’ai le nez dans les colis et je fais tout pour ne pas prendre de retard dans les commandes.

Vous pouvez retrouvez le jeu Occupation et Rémi sur son site.