Yggdrasil Sentai: chevalière des dieux


Retrouvailles au coin du feu

Soirée-enquête prête à jouer


Oui je sais, je publie beaucoup en ce moment des artistes qui ont leur projet sur Ulule. Mais il faut prendre les talents là où ils sont.

Romain nous fait découvrir aujourd’hui sa campagne de financement pour Yggdrasil Sentai, son amour pour la bière et des Magicals Girls.

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Romain Huet, j’ai 33 ans, chauve et barbu. Je suis auteur de manga. Le dessin étant à la fois ma passion et mon métier, il ne me reste plus beaucoup de place à côté pour d’autres choses.

Néanmoins, je me suis pris de passion pour la bière que j’étudie assidûment au travers d’articles, de reportages et bien sûr… de manière réelle en goûtant toujours des nouvelles. Au final je me suis pris d’amour pour les doubles IPA.

Quel est votre parcours?

Au tout départ, je n’étais pas fait pour le dessin, j’étais dans des études d’électronique. J’avais dans l’idée de faire de la robotique. Non pas pour en faire vraiment mais dans ma tête d’ado, c’était un ticket pour le Japon… Clichés quand tu nous tiens…

Puis j’ai vu Love Hina, à l’époque sur Game One mais genre les 4 derniers épisodes, puis par le biais de mon meilleur ami, je me procure les deux premiers tomes papiers… et là. Coup de foudre, mon futur métier serait mangaka. 

Ce sentiment puissant que j’avais enfin trouvé ma voie n’était pas reçu pareil chez tout le monde, n’ayant jamais touché un crayon de ma vie, frôlant déjà les 19/20 ans, ce revirement de situation n’était pas du goût de la majorité. 

Bref, moult péripéties plus tard, je me retrouve à l’école Pivaut à Nantes, 4 années dans une école de dessin, 4 années à être dans les derniers (parce qu’il faut quand même comprendre que mon niveau est ridicule !). J’en sors diplômé (hourra!), je rencontre au travers d’un stage Phil Briones, qui me prendra sous son aile un an plus tard et avec qui j’écrirais et coloriserais « Geek Agency » chez Ankama.

Après un échec éditorial sur la série, nous partons en urgence chez Delcourt puis chez Soleil pour qui je réaliserais 4 albums en tant que coloriste avant de lancer le premier crowdfunding sur Ulule avec My Magical Girlfriend Tome 1.

Comment en êtes-vous venu au dessin?

Mince, je vais faire doublon du coup 🙂

En lisant Love Hina à 19 ans.

 

 

Votre grand projet, c’est Yggdrasil Senta. Racontez nous l’histoire ?

Alors mon grand projet n’est pas Yggdrasil Sentai. En réalité mon grand projet c’est Dôshin éditions.

Yggdrasil Sentai tout comme My Magical Girlfriend sont inclus dans le même univers, simplement nous sommes sur deux générations de magical girls différentes. Yggdrasil les toutes premières, Magical les toutes dernières. Entre les deux, d’autres générations, dans d’autres époques et si le public suit, d’autres histoires à écrire.

Après, l’idée finale est de faire des cross-overs, entre les différentes générations. 

En tout cas, pour ce qui est d’Yggdrasil Sentai, nous sommes sur une série de 5 tomes.

4 one-shots indépendants les uns des autres et un cinquième qui réunira tout le monde. 

Nous sommes dans un monde imaginaire baigné d’un univers de mythologie nordique. Et dans cet univers, les femmes sont à l’honneur, pas de fan service, pas de nudité, pas de sexualité. Les femmes ici sont les vraies héroïnes et pas juste des machines à se faire ploter. 

À chaque tome nous suivrons les aventures d’une jeune fille qui deviendra à terme, une Yggdrasil Sentai. Une chevalière des dieux. Au travers de chaque tome, en seconde lecture, je traite d’un sujet social, homophobie, terrorisme, religion, racisme, transhumanisme.

 

 

Comment avez-vous créé cet univers?

Au départ, MMGF a été écrit en réaction aux éditeurs chez qui j’étais. J’en avais marre de bosser de la sorte et de me sentir moins que rien avec eux. S’ils sont capables de partir en vacances, c’est parce que des milliers de gusses comme moi bossons quasiment 7/7 pour un prix/horaire plus que discutable. Alors si derrière nous n’avons pas la reconnaissance ni la politesse d’un éditeur, autant faire les choses seul.

Du coup, MMGF a été l’album que j’aurais voulu faire ado, au départ. Si à la suite de ma première lecture de Love Hina j’avais dû faire une histoire, c’était celle-là. 

Puis, à la suite de MMGF, il fallait écrire autre chose. Les aléas de la vie ont fait naître une colère en moi, une colère de la société, de l’humain. J’avais besoin d’extérioriser tout ça.

Le premier jet s’appelait Humanity, un album post apo, très sombre, très dur. J’en ai discuté avec des lecteurs qui m’ont dit « euh..Ouais cool, mais ton public MMGF, tes petits gamins de 12 ans… tu en fais quoi ? ». J’avais compris, je ferais du Magical girls mais qui dénoncerait ce que j’avais sur le bide et qui pourrait être lu par mes premiers lecteurs. 

Là-dessus, j’ai rajouté une mythologie que je trouve fascinante, la mythologie scandinave. Un coup de shaker et hop ! Yggdrasil Sentai était né. 

Le T3 est en préco sur ulule. Pourquoi ce choix et quelle suite donne-t-il aux 2 premiers tomes?

Comme tous les autres albums, je passe par Ulule. C’est comme un rendez-vous maintenant, les habitués le savent.

Les précos, c’est sur Ulule ! Et puis, il y a les bonus etc… c’est une bonne chose que les premiers, ceux qui te soutiennent au départ est un peu plus que ceux qui viennent après. Car c’est grâce à eux si le livre existe sous forme papier.

Et puis ulule est une super plate-forme, d’une elle donne de la visibilité à de potentiels nouveaux lecteurs et de deux, même si tu as une partie des finances pour imprimer ton livre, ça coûte tellement cher quand tu es tout seul, qu’il faut une aide.

Le tome 3, celui consacré au personnage de MAGNI est le tome le plus important.

Dans l’histoire, ce sont les sujets du racisme, de la xénophobie, de la race pure qui sont traités. C’est l’album le plus bourrin, Magni étant une réincarnation du fils de Thor… autant dire, ça castagne. En plus il y a une grande guerre entre elfes blancs et elfes noirs… bref, je me suis amusé. 

Mais surtout, c’est le tome qui fait le lien avec tout l’univers des Magical Girls, pourquoi elles sont là, qu’elle est la vraie menace ? On y retrouve même les personnages de My Magical Girlfriend et des générations d’autres époques…

Au niveau du dessin, c’est le tome le plus abouti.

Il est le pivot de beaucoup de choses, de l’univers, de la série Yggdrasil et de mon niveau de dessin. 

C’est un album vraiment particulier pour moi.

 

 

 

Quels projets à venir?

Alors pour les projets… vaste question. 

Pour l’instant je me pose encore la question, est-ce que je continue dans cet univers Magical ou est-ce que je fais une pause et je fais des livres plus adultes dans des thématiques plus contemporaines ? Pour l’instant, j’y réfléchis encore.

Et en même temps, j’aimerais me confronter à l’édition mainstream. Avec les retours que j’ai des différentes façons de travailler des uns et des autres, j’aimerai bien retravailler avec Ankama et ne pas rester sur l’échec de Geek Agency. C’était mon premier album signé en co-création, la boucle serait bouclée si mon premier contrat solo était chez Ankama 🙂

 

Un secret sur l’univers à partager?

Alors sur Yggdrasil, non, je n’en ai pas. Par contre sur MMGF oui, il y a deux personnages qui existent en vrai. Jonel le chauffeur, qui était à l’époque chauffeur Uber. À une sortie de Japan Expo, c’est lui qui est venu nous chercher, mon frère et moi, et ce fut le voyage le plus mémorable de ma vie. Jonel est chanteur et travaille pour se payer les enregistrements de ses albums et nous avons eu une sorte de maître gims au volant d’une berline en train de nous faire un concert privé dans les embouteillages parisiens à base de « hey push your hands up in the air !!!! ».

Et Koichi, toujours dans MMGF, est un ami à moi, depuis retourné vivre au Japon. Lorsque j’ai eu ce personnage à l’écriture, il était évident qu’il se nommerait Koichi. C’est quelqu’un pour qui j’ai un profond respect. Nous avons le même âge et pourtant, quand vous êtes en face de lui, c’est comme si vous aviez une personne qui à plusieurs millénaires derrière lui.

  

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